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L’angoisse et sentiment de castration


L’angoisse de castration pour l’homme, le sentiment de castration pour la femme, décrivent une réalité inconsciente rencontrée par l’enfant au commencement de l’oedipe et qui produit des effets tout au long de sa vie, notamment dans les rêves.

La vie : une suite de castration

La naissance est une première déchirure, pour l’enfant comme pour la mère, un arrachement pour séparer ces deux corps et permettre à la vie de continuer.

On donne la vie, la naissance est un cadeau, précieux car on offre réellement que ce que l’on aime profondément. Aussi, y voir avant tout une souffrance n’a pas de sens. L’accouchement est une libération, une fois encore pour la mère et pour l’enfant, et ni l’un ni l’autre ne souhaitent s’opposer à cet acte libérateur. Et pourtant, la souffrance est là, pour la mère et pour l’enfant. Il faut insister sur cette opposition entre ce qu’est la vie, sa beauté évidente, et les violences physiques et psychologiques qu’elle engendre.

Ainsi, à chaque étape de la vie correspond des bouleversements que l’Homme doit surmonter et intégrer psychologiquement. Chaque fois que l’Homme passe d’un état à un autre, il y a castration. Cette angoisse ou ce sentiment est donc ce qui accompagne le changement, le passage :
 d’un état connu, mais pas totalement satisfaisant,
 à un état inconnu, donc angoissant, mais avec la promesse d’une plus grande satisfaction possible.

Évidemment, un parcours sans faute est peu probable et, inévitablement, des séquelles demeurent. On peut vivre normalement avec des cicatrices, mais parfois des plaies nos refermées totalement s’ouvrent de nouveau, notamment dans les rêves.

La castration et la différence des sexes

Lorsque les garçons et les filles découvrent leurs différences physiologiques, ils ont des réactions différentes.

Chez le garçon

Le garçon ressent une certaine fierté à ce pénis que la fille ne possède pas. D’ailleurs, pourquoi n’en a-t-elle pas, elle ? Lui aurait-on coupé le zizi ? Mais alors, lui aussi risque de perdre le sien ? C’est un peu idiot ce raisonnement tout de même. D’ailleurs cette peur est très vite refoulée. Et pourtant, comme toute étape de la vie, elle marque profondément la personnalité.

De la même façon qu’une douleur post-natale, qui sera ensuite évidemment oubliée, pourra générer un comportement particulier chez un individu, cette angoisse de la castration pourra perturber la vie d’un homme. D’autant que cette angoisse est renforcée à la puberté, lorsque le pénis est mis en valeur encore davantage par sa fonction.

Chez la fille

La fille de son côté suit un raisonnement similaire : si elle ne possède pas de pénis, c’est qu’il lui a été retiré. Cette spoliation engendre le désir de retrouver l’organe du père, et ce fantasme d’appropriation du pénis engendre évidemment un fort refoulement. Là encore, ce raisonnement est absurde et la petite fille le sait elle-même.

Mais, pour revenir à l’introduction de cet article, une femme, pour des raisons inconscientes, peut être tentée de retenir l’enfant qu’elle porte. Une fois encore, il faut bien distinguer les pulsions inconscientes du ça (maîtrisées par le surmoi) de la réalité consciente. Consciemment, le sentiment de castration paraît absurde, et plus encore le fait que celui-ci est amplifié à la puberté lors de l’apparition des menstruations (le sang rappelant l’idée d’une castration antérieure). Il n’en demeure pas moins que ce sentiment de castration peut conduire une femme à développer un complexe d’infériorité par rapport à l’homme et une difficulté à vivre sa différence.

La castration dans le rêve

Pour l’homme

Pour l’homme, l’angoisse de castration peut engendrer deux réactions comportementales opposées :

  • Ou bien par une sur-affirmation de son sexe et des valeurs de l’animus, au détriment bien souvent de celles de l’anima (voir la définition de ces notions, ainsi que celle de l’ombre évoquée ci-dessous). Sa masculinité sera mise en avant, son affirmation sociale sera permanente, son comportement ou ses paroles pourront être qualifiées de machistes.
    Cependant, ce caractère apparent est éloigné du moi réel de cet homme. C’est cette peur de perdre ce qu’il possède et qui le caractérise qui l’a finalement façonné. Dans son ombre, il a peut-être rejeté des éléments essentiels de son moi, qui réapparaîtront dans ses songes. Par ailleurs, des rêves de castration présenteront peut-être la perte symbolique d’un membre, pas le pénis mais une partie de cette virilité affichée, comme le moyen d’accéder au développement de ce qui ne s’extériorise pas volontairement : son être intérieur.
  • Ou bien par la difficulté d’affirmer cette différence, une stratégie d’évitement étant alors mise en place. Un caractère introverti correspond plutôt à cette réaction. Mais encore une fois, ce trait de caractère n’est qu’une carapace, bien des introvertis étant en définitive des extravertis qui s’ignorent.
    Dans le rêve, l’inconscient n’ignore rien et ne cache rien. Cette introversion fabriquée sera soulignée, et ce comportement faussé sera là encore mis à jour par les symboles de castration.

Pour la femme

Chez la femme, ce n’est pas une angoisse de perdre un organe mais un sentiment de castration qui peut apparaitre. On lui a spolié un élément de sa personnalité et son désir inconscient est de remettre la main dessus. Et en l’absence, elle exige de pouvoir faire comme les hommes. Son animus est particulièrement développé, c’est une femme d’action, dynamique et ouverte aux autres, qui sait prendre des décisions dans le cadre de sa vie professionnelle, de sa vie personnelle, mais rarement pour elle-même et la plénitude de son âme. En effet, cet animus hypertrophié vient de sa difficulté à accepter totalement sa féminité et à accéder aux valeurs de l’anima.

NB : ces notions d’animus et d’anima sont expliqués dans un autre dossier.

Symboles de castration dans le rêve

Dans les rêves d’hommes, l’angoisse de castration, de perdre une partie d’eux-mêmes, utilise des symboles qui conduisent généralement aux cauchemars. Les rêves de perte de dents, de perte de cheveux, les scènes de décapitation, de queue coupée, d’œil exorbité ou crevé... renvoient à la perte nécessaire de cette masculinité fabriquée pour se retrouver.

Lorsque le rêveur se voit armé, ses armes ont perdu toute leur puissance. Les armes à feu s’enrayent. Les armes blanches, de forme phallique (épée, couteau...), sont ébréchées, rouillées, impuissantes.

Un animal enfin symbolise la castration, aussi bien chez l’homme que chez la femme : le canard.

Le sentiment de castration chez la femme s’exprime également par la vision d’un œil exorbité ou crevé, et par un autre animal, le serpent, dont la forme évoque un pénis de substitution. Le sang, alors très abondant, est une autre image du sentiment de castration.

EN CONCLUSION :

Une angoisse de castration se traduit dans un cauchemar, car la perte d’une partie de soi fait alors partie du scénario : perte de dents, perte de cheveux, tête coupée. Chez la femme, c’est le sentiment de castration qui peut être l’objet du rêve. Dans les deux cas, c’est au moment de la reconnaissance de la différence entre l’homme et la femme que le rêveur a développé une personnalité qui ne lui correspond pas véritablement.




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