La fausse motivation

La psychologie de Paul Diel est appelée psychologie des motivations. On comprend mieux maintenant l’importance de la fausse motivation.

Les fausses justifications

L’individu séduit par la vanité (se reporter à notre article sur le sujet, en sachant que l’ensemble des articles de ce dossier se suivent) et donc sous l’emprise de son subconscient, continue d’être soumis à la délibération. Ainsi, la confrontation entre son surconscient et son subconscient se poursuit, jusque dans ses rêves.

Pour cette raison, le subconscient doit justifier en permanence de la valeur de ses désirs accidentels (désirs matériels et sexuels) afin de repousser le surconscient et son désir essentiel qui tente de mettre en évidence les désirs exaltés et leurs conséquences négatives sur le psychisme.

Le subconscient s’appuie pour cela sur 4 fausses justifications complémentaires :
 La vanité est perfection, elle sous-entend donc l’idée que l’être relève de cette perfection, d’un idéal.
 Cette perfection interdit d’être pris en défaut, l’individu se protège donc par le refoulement de sa culpabilité.
 Aussi, ses défauts sont projetés sur les autres (phénomène de la projection que l’on retrouve aussi dans le rêve).
 Ces accusations sont là encore refoulées et dissimulées derrière un amour exalté de l’humanité toute entière, désigné par le terme de sentimentalité.

Ces 4 fausses justifications pourraient se représenter en tableau, en distinguant les excès visibles et refoulés :

Estime Sur- Sous-
de soi Vanité Culpabilité
des autres Sentimentalité Accusations

Les bonnes justifications

Il ne faut jamais oublier que derrière la fausse motivation existent toujours les moteurs de la bonne motivation :
 Derrière la vanité qui s’est emparée de l’esprit, existe le désir essentiel de vivre en harmonie avec soi-même et les autres. Ainsi, le faux désir d’être l’incarnation de l’Idéal peut redevenir l’amour de l’idéal.
 La culpabilité refoulée est un moyen de ne pas se confronter à la culpabilité essentielle, le signe du dynamisme de notre surconscient, son moyen d’action pour nous avertir de nos erreurs, pour intervenir dans le processus de délibération.
 Derrière l’accusation des autres se cache le besoin de justice.
 La sentimentalité n’est qu’une déformation de la sensibilité.

On le voit bien, la fausse motivation est une perversion qui dérègle le processus de délibération d’un individu et, par voie de conséquence, son psychisme dans son ensemble.

La fausse motivation

La fausse motivation est la motivation qui s’appuie sur les fausses justifications.

On arrive ainsi à un système de pensée très cohérent et produisant des ruminations continuelles, des évasions durant lesquelles la culpabilité ressentie sera aussitôt transformée en surcroît de vanité.

Les quatre tendances de la fausse motivation

La fausse motivation s’habille des quatre fausses justifications :
 La vanité, qui peut devenir ambition démesurée (changer le monde évidemment), mais aussi plus simplement arrogance, vantardise, besoin d’avoir toujours le dernier mot.
 La culpabilité prend la forme de la timidité, de la scrupulosité, de la cachotterie.
 L’accusation est agression verbale, calomnies, ironie.
 La sentimentalité rime avec pleurnicherie, soumission mielleuse.

La religion pratiquée comme fausse motivation

Considérons l’exemple d’une personne pieuse. Si sa croyance est au service de la vanité, elle s’appuie sur la certitude d’appartenir au peuple élu, de faire partie de ceux qui sont reconnus par Dieu. Ensuite, cette personne aura pour désir exalté de devenir un pratiquant exemplaire de sa religion, autrement dit d’être un meilleur pratiquant que les autres.

Il en résulte une angoisse évidente : comment assumer l’idée d’être parfait ? Aussi, la culpabilité de ne pas être parfait est refoulée. Or le refoulement produit de l’angoisse. Et de l’angoisse nait le besoin encore davantage exalté d’être visiblement aussi parfait que possible.

Aussi, toutes les faiblesses cachées sont projetées sur autrui : les faibles, les impurs, les fainéants, les cyniques...

Mais comment assumer ces accusations tout en restant un pratiquant exemplaire ? Un devoir de compassion ne s’impose-t-il pas dans toute religion ? Aussi, cette personne se devra de tenir un discours bien construit prouvant son amour de l’humanité. Ou bien, autre moyen usité, l’affirmation qu’on ne peut pas demander à tous ce que l’on demande à soi-même. Que les autres n’ont pas reçu les qualités ou l’éducation nécessaires pour se plier à une telle discipline, cette affirmation ne faisant que renforcer la vanité à l’œuvre ; la boucle est bouclée.

La pratique artistique et la fausse motivation

Pour créer, il faut être investi de l’élan vital, du désir essentiel. Mais la vanité peut s’emparer de l’artiste. Ce dernier se croit alors l’élu, dépositaire d’un don.

Mais cette croyance entraîne une culpabilité intolérable, à refouler. Aussi, la création artistique devient alors exaltée. On se trouve devant un artiste possédé, mettant en scène sa nature si particulière, son don et sa capacité de traduire le monde à sa manière.

Et le besoin de cette pratique exaltée est renforcée par le besoin de ne pas ressembler au commun des mortels, regardez-les se rendre à leur travail, bien gentiment, puis à en revenir toujours aussi obéissants, avant de passer leur soirée devant la télé !

Oubliant aussitôt cette haine échappée, l’artiste crée pour le bien de l’humanité, pour son avenir, pour dire le vrai, pour guider les générations futures. L’artiste devient messie, vaniteux.

Fausse motivation et politique

Le peuple a besoin de représentants, je suis l’un d’eux, mon destin finalement était d’appartenir à cette élite.

En effet, tout le monde ne peut pas diriger, c’est une illusion. Cela demande des compétences particulières, une énergie, un savoir-être... Regardez ces autres prétendants, ne voyez-vous pas la différence, leur manque d’aptitude à assumer ces fonctions ?

Moi, cela fait des années que je me prépare à jouer ce rôle d’élu, dès mon adolescence j’avais déjà des idées politiques très avancées, une activité au sein d’un parti, une culture.

Si je me présente, si j’ambitionne ce poste, c’est pour vous, parce que je vous ai compris, pour défendre vos droits et vos aspirations les plus profondes.

PS : les journalistes ont souvent aussi quelques compétences en ce domaine...

Domaines de la fausse motivation

D’une façon générale, tous les domaines d’activité qui conduisent normalement à une attention véritable pour autrui (l’éducation, la justice, la médecine...) se prêtent particulièrement au développement de la fausse motivation.

Dès lors que l’esprit, normalement au service du désir essentiel justement nécessaire à l’exercice de ces activités, se détache de la pulsion spirituel pour servir le subconscient et les désirs matériels, alors apparaît la vanité et le cercle vicieux de la fausse motivation.

Tout le monde sauf moi ? Se croire parfait est la première étape vers la fausse motivation, ne jamais l’oublier. La fausse motivation est inhérente au psychisme humain finalement, comme la vanité, il faut s’en défaire constamment, c’est un combat vital, permanent, et c’est à ce titre qu’il faut étudier nos rêves, car ils ont notamment pour rôle de dénoncer cette fausse motivation.

La vanité d’un individu peut facilement lui être indiquée. Mais alors, les fausses justifications se mettent en route : la culpabilité ressentie est habituelle, et la vanité sait la diriger vers autrui, l’accusant de ses propres faiblesses, avant de prouver sa grandeur d’esprit en pardonnant aux autres ce qu’ils sont. Au final, la vanité est renforcée sur la base de la fausse motivation.

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