Accueil > Bases interprétation > Freud Jung Les bases de l’interprétation > Définition du surmoi du ça et du moi idéal

Définition du surmoi du ça et du moi idéal


Qui suis-je ? La question au présent est beaucoup trop complexe ? Qui étais-je ? est moins joli, mais c’est une question préalable, une première étape, indispensable avant de revenir au présent puis de construire le futur. Finalement, c’est d’une grande banalité : connaître son passé est essentiel pour construire l’avenir, évidemment, d’ailleurs c’est vrai dans tous les domaines ! Dans la construction de notre personnalité il en va de même, or le rêve est un outil précieux pour accéder à notre passé et, en particulier, aux situations de notre passé qui restent à résoudre.

Celui que je suis aujourd’hui n’est pas forcément celui que j’aurais pu être et que fondamentalement je souhaitais être. La construction d’un individu est un processus dynamique et permanent, mais des étapes essentielles sont à distinguer. Or on ne redouble jamais dans la vie, on est forcé d’avancer et les lacunes anciennes deviennent des handicaps sérieux si elles ne sont jamais comblées. Le rêve contribue au retour en arrière parfois indispensable pour se redécouvrir et accéder à l’être que l’on est vraiment.

Le ça

Le "ça" d’un individu est sa nature pulsionnelle. Un ça non bridé aboutit non pas à une liberté d’action mais à des actions purement pulsionnelles, que l’on ne s’explique pas autrement que par un désir qui nous a dépassé.

Le surmoi

Des surmois puissants et anciens veillent à ce que le ça ne puisse pas s’exprimer librement. Un "surmoi" est constitué chaque fois qu’est canalisé le ça d’un individu, pour lui permettre de construire son "moi", celui qu’il sera au milieu des autres notamment. Résultant du complexe d’œdipe, un surmoi extrêmement puissant est façonné à partir de l’ensemble des pulsions de l’enfant qui aime le parent de sexe opposé au point de désirer la mort symbolique (la mise à l’écart) du parent de même sexe. Ce surmoi a un effet évidemment positif dans la mesure où il évite le passage à l’acte et permet donc au final à l’enfant de trouver sa place à côté de ses parents.

De la même façon, de nombreux surmois résultent de l’éducation religieuse, familiale, sociale, scolaire, professionnelle... Les interdits façonnent la personnalité, mais aussi les ordres de faire. Il faut se soumettre aux contraintes multiples qui parfois même s’opposent, en raison de la diversité des donneurs d’ordre mais aussi de leurs incohérences, ou encore du changement des interdits en fonction de l’âge.

Le surmoi se constitue parfois en intégrant de forts déséquilibres qui sont comblés ensuite par un comportement générant des angoisses, des incapacités, des manques... jusqu’à des maladies. Les répercutions sont d’autant plus importantes que l’individu, sur ces bases fragiles, a dû construire durant des années un édifice permettant de masquer ces fondations défectueuses. C’est un peu comme ces tours de cubes que les enfants bâtissent jusqu’à la chute avec des fantaisies qui relèvent davantage du monde du cirque, un numéro entre clowns et équilibristes, que de l’architecture.

Le moi idéal puis l’idéal de moi

La personnalité d’un individu est fortement influencée par l’image que ce dernier a de lui-même, ou plutôt par l’image sublimée qui représente son idéal à atteindre. Comme sur les murs d’une chambre d’adolescent, chacun agrafe en lui des posters de stars auxquelles il s’identifie. Or la difficulté est de savoir si en cherchant à ressembler à ce moi idéal cet individu s’éloigne de son moi profond ou s’en rapproche ?

En fait, cela dépend de l’origine de ce moi idéal. Quelles sont ces images punaisées, un miroir ou un mirage ? Quand on s’aime tel qu’on est, son moi idéal est très proche de ce que l’on est vraiment. C’est le cas de l’enfant. Mais bientôt, les interdits et les injonctions obligent l’enfant à remplacer son moi idéal par quelqu’un d’autre qui deviendra son idéal du moi. L’enfant veut alors faire comme maman, ou devenir comme papa. Il est en effet plus facile d’accepter des contraintes si celui qui les impose incarne justement son idéal. Les parents sont donc les premières personnes qui animent l’idéal du moi. Puis bien d’autres personnes peuvent intervenir, cet idéal du moi se développant ainsi au fur et à mesure des expériences et des rencontres, en même temps que le surmoi.

Dans le rêve, si l’on reprend l’image d’une pièce de théâtre, l’idéal du moi serait un écran sur lequel apparaîtrait le jeu idéal que l’acteur en scène ne pourrait produire. Cet acteur idéal pourrait enchaîner les danses les plus audacieuses, des pirouettes impossibles, chanter dans tous les registres... Mieux encore que cet écran, un personnage pourrait entrer en scène et jouer ce que l’acteur aimerait vraiment être.
Mais l’entrée en scène de l’idéal de l’acteur ne rendrait pas obligatoirement la pièce excellente. Au contraire, elle pourrait devenir encore plus mauvaise !

L’idéal de moi s’enrichissant en fonction de l’évolution du surmoi et de rencontres peut en effet se charger d’images négatives. Il suffit de penser au nombre de personnes qui ont vu dans un dirigeant politique l’incarnation de leur idéal, alors même qu’ils portaient au pouvoir un dictateur, pour comprendre que l’idéal de moi n’est pas toujours un exemple à suivre.

Le moi

Le moi est une résultante de ces forces, du ça façonné par le surmoi et poursuivant un idéal du moi dans lequel des exemples divers se mélangent. Dans cette dynamique, cet état de tension permanent qui n’a jamais eu de cesse d’exister, les risques sont nombreux. Le ça peut dominer des parties de notre personnalité, des surmois trop puissants peuvent écraser une partie du moi, l’idéal du moi peut s’être éloigné totalement de nos aspirations profondes.

Ainsi, ce que l’on est vraiment à un instant "t" peut être :
 notre personnalité actuelle, mais non pas telle qu’elle est vue par les autres (voir le paragraphe suivant) mais telle qu’elle est réellement, or comment y accéder seul ?
 notre personnalité potentielle après résorption de certains déséquilibres et prise de conscience de nos aspirations réelles. Dans cette seconde hypothèse, nous sommes autant ce que nous ne sommes pas (encore) que ce que nous nous croyons être. Le passage du moi actuel au moi potentiel passe par le phénomène d’individuation. En attendant, c’est un peu terrifiant de s’ignorer à ce point, angoissant évidemment, et cela explique bien des cauchemars. Lorsqu’en rêve on se perd constamment (cauchemar souvent récurrent), que notre personnalité est déchirée (être écartelé ne garantie pas des nuits calmes !), qu’un avion se scratch, on a une idée de la situation explosive contre laquelle notre inconscient tente d’agir et qu’il constate dans les rêves. A l’inverse, toute image de renouveau, le rêve de femme enceinte par exemple, témoigne d’un avenir prometteur.

Moi vu par les autres

L’image que les autres renvoient de nous-même est un piège supplémentaire pour cerner notre moi. C’est comme s’observer dans un miroir déformant dont la forme (et les déformations correspondantes) varie en permanence.

En effet, le phénomène de projection engendre un regard déformé d’autrui sur notre personne. L’autre projette sur nous des caractéristiques qui ne sont pas les nôtres mais au contraire celles qu’ils aimerait avoir, qu’il déteste en lui, qu’il a refoulées... Ce faisceau continue de projections explique que l’on peut être vu de façon très variable par des personnes différentes. C’est toujours amusant lorsque l’on nous prête des qualités qui justement nous manquent, comme l’affirment d’autres. C’est beaucoup plus déstabilisant de se voir affubler de défauts qui ne nous semblaient pourtant pas nous caractériser.

Un cas particulier à souligner, l’admiration dont on peut être l’objet lorsque autrui reconnaît en nous une incarnation de son idéal du moi. Un attachement exagéré et injustifié en résulte et crée un effet comique inévitable comme le soulignent bien des comédies et pièces de boulevard. Et pourtant, cette situation est loin d’être drôle, et celui qui s’est un jour rendu compte qu’il admirait en définitive chez l’autre une simple image pourra le confirmer.

Où sommes-nous dans tout cela ? Le repli sur soi, parfois suggéré par le rêve, lorsque le personnage du vieux sage apparaît par exemple, est souvent une première étape. Ensuite, les rêves de surmoi ou ceux qui nous montrent notre ombre constituent un matériau à exploiter.

EN CONCLUSION :

Notre personnalité est la résultante d’une complexité étonnante. De la constitution de notre surmoi pour ne pas laisser libre cours à nos pulsions dépend la nature de notre idéal du moi. Notre moi est un équilibre entre ses forces le plus souvent inconscientes. Or le regard déformant des autres ne facilite pas notre connaissance de notre moi profond. Dans le rêve, on retrouvera ce regard porté par autrui sur notre personnalité, mais aussi les pulsions du ça, l’idéal du moi symbolisé par des personnages fascinants, tandis des rêves de surmoi dévoilent ses forces inconscientes.




Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

ConnexionS’inscriremot de passe oublié ?